Le jardin en pot

Fonction moderne du jardin en pots

  • en zone urbaine, en surface restreinte ou quand la terre manque, le jardin en pot permet de ''remplacer'' la nature absente et de gagner de la place en se faisant plaisir (odeurs, couleurs...)
  • facilité physique: pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, plus simple à mettre en œuvre et à entretenir.
  • dans les terres ingrates ou difficiles, le pot permet encore une fois de contourner les contraintes environnementales.

Le jardin en pot donne aussi une vision intimiste du jardin, il permet la décoration de surfaces comme les terrasses, les patios, les cours pavées ou bétonnées, les allées...
On peut déplacer les potées fleuries en fonction de leur attrait du moment (ranger au fond du jardin celles qui sont défleuries ou au repos), cela permet de faire changer et évoluer le décor (d'où l'intérêt de ne pas y installer seulement des annuelles à longue floraison...) On peut aussi hiverner en serre froide les plantes fragiles, ou les abriter en hiver contre un mur au sud. Les pots permettent bien sûr l'acclimatation de toutes sortes de plantes.

Moyens techniques

Les supports

  • matière :
  • pierre naturelle: idéale pour la culture en bac, mais leur prix et leur poids limitent utilisation et mobilité.
  • pierre synthétique, béton de tourbe : remplacent la pierre naturelle avec une esthétique en progrès.
  • récipients en bois : tonneaux, cornues de vendangeurs, jardinières..., le bois est une matière chaleureuse. Il faut les choisir assez épais et se méfier de traitements pouvant être nocifs pour les plantes (essences : chêne, teck)
  • plastique : légers et faciles à transporter, leur esthétique s'est sensiblement améliorée, mais ils peuvent souffrir des excès de froid ou de chaud.
  • terre cuite : offre une bonne respiration et régulation thermique, il convient toutefois de la protéger du gel dans la plupart des cas. S'ils sont émaillés, choisir des récipients bruts à l'intérieur.
  • Cuivre ou laiton : décoratifs, mais à protéger de la ''surchauffe" par une isolation légère.
  • et puis tout ce qui vous tombe sous la main pouvant convenir suivant l'effet recherché... (les notions esthétiques peuvent céder le pas au souci d'économie par exemple)

Dans tous les cas, il convient de veiller à assurer aux plantations un bon drainage (tessons sur les trous d'évacuation, lit de gravier en fond), qui sera plus haut si le pot a une soucoupe, et qu'il faudra vérifier souvent pour éviter l'asphyxie racinaire.

Le substrat

Autrefois, les pots étaient remplis de compost de feuilles, de terre franche tamisée, de sable et de fumier décomposé. Aujourd'hui, les terreaux de tourbe occupent le marché, et hormis leur légèreté et leur facilité de transport, ils répondent peu aux exigences nutritives des plantes dans la durée. Nous vous conseillons donc de revenir un peu aux méthodes anciennes si vous avez de la place pour réaliser les mélanges (terre, compost et fumier décomposé à rajouter aux terreaux du commerce, avec un peu de sable et de gravier pour les plantes succulentes).

Les végétaux

Mis en pots, ils sont donc artificiellement introduits par l'homme à l'intérieur et autour de son habitat, et doivent être susceptibles de résister à de pareils sévices.
Ils doivent être adaptables, tolérants, d'autant que nous n'avons pas toujours la connaissance du milieu dans lequel ils évoluent naturellement.

  • annuelles et bisannuelles : pour des potées saisonnières, durée de vie courte, facilité d'entretien (en fin de saison, on remplace plante et substrat)
  • bulbes : floraison courte, mais au repos ils consomment peu et grossissent au fil des ans, ils sont robustes, peu onéreux et répondent au plaisir de planter et à celui de voir pousser.
  • cactées et succulentes : peu exigeants en terre et en eau, certains sont à protéger du gel.
  • vivaces : les plantes de fissures sont facilement adaptables, elles ont peu d'exigences en matière de sol et vivent volontiers à l'étroit. On évitera par contre de mettre des plantes à racines pivotantes ou à gros développement dans des pots de petite taille (à réserver pour des bacs ou très gros pots au même titre que les arbres ou arbustes)
  • arbustes et arbres : on choisira de préférence des végétaux à petit développement racinaire, supportant de vivre en sol pauvre, sinon les pots feront un bond en volume (et en prix)...

Pour résumer, tout est possible si on se donne les moyens à tous les niveaux.

Arrosage

  • En milieu artificiel et souvent réduit, pas d'autonomie racinaire : l'homme remplace la pluie.
  • Les besoins en eau sont plus importants en été, en période de végétation, quand il y a du vent ou après un rempotage.
  • Les besoins sont moindres en hiver, quand la plante est au repos, ou après une taille.
  • La terre cuite boit davantage (porosité)
  • Certaines plantes préféreront un arrosage sans mouiller le feuillage (camp. isophylla)
  • Attention aux soucoupes en hiver (gel, asphyxie...)
  • Attention à la dureté de l'eau pour certaines plantes, ou encore à la teneur excessive en calcaire.
  • Certains utilisent du thé, de l'eau distillée ou de pluie, du vin parfois !
  • Dans tous les cas, il est important de contrôler souvent, et d'apprendre à ne pêcher ni par excès ni par manque...

Fertilisation

  • chimique : libération rapide, concentration élevée = risque de brûlures.
  • organique : libération lente, concentration faible = réaction lente.

Fertiliser au démarrage de la végétation et quand la plante se prépare à fleurir, et préférer un apport faible et régulier à une dose massive pas toujours utilisable par la plante. Le temps de réaction se dilue ainsi dans la régularité, pas de période de souffrance.
Ne pas hésiter à rincer par un arrosage si doute.
Ne pas fertiliser en période de repos.

Rempotage

La fréquence peut être d'une à plusieurs fois par an suivant les végétaux : quand il y a trop de racines, quand la végétation s'étiole et s'affaiblit...
Éviter d'agir en période de repos, attendre les signes du redémarrage de la végétation.
Certaines plantes rougissent quand elles sont en souffrance, que ce soit le froid ou la faim.
On utilisera un pot légèrement plus grand (1 doigt ou 2), en rafraîchissant (+ ou - selon les plantes) le système racinaire.
Dans certain cas délicats, on devra casser ou couper le pot.

Entretien

En dehors des arrosages, de la fertilisation, du rempotage, il conviendra de traiter en cas d'attaque de parasites (il existe des produits agrées en culture biologique), de tuteurer si nécessaire, de nettoyer les feuilles et fleurs abîmées ou fanées, de pincer les pousses disgracieuses, de tailler sévèrement les plantes caduques.

Esthétique

La relation pot / plante

On ne sait pas toujours bien qui met en valeur qui, et pour que la relation soit réussie, il faut bien choisir le végétal pour un pot donné, ou le contraire.
La proportion est une notion importante. Elle s'appuie sur le contraste des formes.

La texture et la couleur des récipients :

  • pot lisse brillant = feuillage diffus mat
  • pot rugueux = feuillage lisse vernissé
  • pot rouge (ou vert, ou bleu ou...) vif brillant = feuillage large, mat, épais
  • pot cylindrique = plante aérienne et légère (élégance, raffinement)
  • coupe basse = plante étalée, tapissante, coussinante hérissée...

Style pot / plante :

 

Composition d'une potée

  • nombre impair toujours plus harmonieux qu'un nombre pair (en dessous de 5 surtout)
  • contrastes : il est très important de jouer sur le port des plantes (rosette étalée, touffe érigée, boule...), sur la couleur (vert, gris, doré, pourpre, panaché...)ou la texture (fine, coriace, duveteux, gaufré...) de leur feuillage, sur la hauteur totale, et enfin sur la floraison qui dans bien des cas n'est qu'un élément secondaire du décor (couleur, forme des fleurs)

On tiendra compte aussi des besoins en lumière et en eau, en évitant par exemple d'associer une succulente avec une plante de milieu marécageux...

Composition de pots

Il s'agit là particulièrement de marier ensemble des pots semblables ou différents en un même lieu, pour décorer, mettre en valeur ou compartimenter l'espace.
Il faudra tenir compte de l'exposition et du climat.
Un grand clin d’œil : on peut associer dans un même espace une plante de colline (une immortelle à odeur de curry) avec une plante de milieu humide (un papyrus par exemple)
Toutes les compositions sont possibles en fonction du goût de chacun et de la mise en œuvre.
On pourra par exemple utiliser :

  • des pots identiques, mais de tailles différentes
  • des pots disposés de manière symétrique de part et d'autre d'une circulation
  • installer un "fouillis" végétal qui masquera les pots leur donnant ainsi peu d'importance
  • faire des zones de mêmes tons au coin d'une terrasse (couleurs chaudes, ou dégradés de bleu, ou...)
  • installer un coin de plantes succulentes...

... tout est possible, dans un cadre strict ou pas, avec des règles précises ou pas, le tout c'est d'éprouver du bonheur au quotidien.

Conclusion

Si la notion d'esthétique est subjective, tout est possible en pot, la seule règle étant d'oser, d'essayer, de changer et surtout de se faire plaisir. Le jardin en pots est aussi un jardin en mouvement, les pots se déplacent, se cachent quand ils sont au repos, se mettent en valeur quand c'est le moment. On peut les utiliser à l'occasion d'une cérémonie (baptême, mariage, réception), les déplacer dans une église ou une salle des fêtes pour l'occasion. On peut aussi les mettre en pension chez des amis pendant les vacances...
Les soins doivent être réguliers et suivis, mais la satisfaction est grande. Il y a toutefois des utilisations plus ingrates, à signaler :

  • les pots, souvent de faible volume, appliqués contre les façades des maisons, à des expositions brûlantes, ne peuvent accueillir que des plantes à courte durée de vie, et qu'il faudra suivre particulièrement en arrosage et fertilisation
  • les suspensions de petite taille sont elles aussi soumises au rayonnement violent et souvent aussi au vent desséchant et ballotant : leur choisir un emplacement un peu protégé, les arroser et les nourrir aussi régulièrement que les pots / appliques.