Conseils d’entretien

Comment arroser ?

L'arrosage est toujours obligatoire. Pour les plantes résistantes à la sécheresse totale et pour les conditions difficiles, il n'est obligatoire que pendant la phase d'installation. La technique du paillage que nous verrons plus loin permettra de diviser par deux les besoins.
Règle générale : l'arrosage doit être rare et copieux. Il doit re-créer le climat avec ses pluies rares mais copieuses. Alors que le sol agit comme un vaste réservoir qui stocke l'eau, les feuilles agissent comme organes d'évaporation. Mouiller les feuillages revient donc à vaporiser un déshydraté.
Le sol agit comme le réservoir de notre voiture, on en fait le plein pour affronter les besoins d'un long voyage. Il n'est pas question de mettre une tasse à café pour faire un kilomètre de plat puis s'arrêter pour mettre un bol pour un kilomètre de montée, puis une cuillère à café pour la descente. C'est ce que font les gens qui arrosent leurs jardins tous les jours. Les plantes sous perfusion attendent leur dose journalière et ne peuvent pas développer des racines qui pourront puiser en profondeur dans les réserves du sol.
Pendant la phase d'installation, l'arrosage se fait donc au pied, en remplissant lentement les cuvettes de plusieurs litres d'eau pour une bonne infiltration. Attendre en moyenne une semaine entre deux arrosages. Les arrosages se feront par la suite plus importants en quantité, mais de moins en moins fréquents.

Quand arroser ?

Les fréquences et les durées sont variables suivant les plantes, leur âge, le sol, les saisons :

  • Adultes, certaines plantes pourront supporter une sécheresse totale, d'autres auront besoin en été d'un arrosage plus ou moins occasionnel (toutes les unes ou deux semaines, suivant le degré d'acceptation de leur apparence), d'autres d'être arrosées régulièrement deux fois par semaine. Certaines ne sont heureuses que si elles pataugent..
  • Jeunes, quelles qu'elles soient, les plantes ont toutes besoin d'arrosage. L'installation et la résistance d'une plante vivace demande plusieurs années. Le premier mois qui suit une plantation, le sol ne doit pas se dessécher totalement, ensuite il faut commencer à espacer les arrosages pour obliger la plante à aller chercher l'eau en profondeur dans le sol.
  • Les sols drainants, sableux ou rocheux fissurés ne constituent que peu de réserves alors que les sols argileux emprisonnent l'eau longtemps. Les plantes en pots sont encore plus sensibles au dessèchement.
  • L'été est la saison de tous les dangers, alors qu'en hiver les besoins sont nuls. Avec un peu d'habitude, on fait des arrosages rares et copieux, nuls en hiver, espacés au printemps et en automne, et plus rapprochés en été. Par temps de vent desséchant, les feuillages larges et tendres peuvent évaporer plus d'eau.

Pour les jardins équipés de systèmes d'irrigation, le principe du ''rare et copieux'' reste applicable. On trouve deux technologies avec chacune ses qualités et ses défauts. L’arrosage par aspersion, économe à l'achat, facile à installer, mais consommateur en eau et en pression, il tasse le sol, favorise aussi le développement des plantes adventices, peut nuire aux feuillages gris et velus, à réserver aux surfaces engazonnées peu satisfaisantes. Le goutte à goutte, plus économe en eau, permet une meilleure distribution du précieux liquide, développe moins de maladies aux feuillages, mais gène au binage, peut fuir (quelles que soient les données techniques, rien ne vaut le creusement d'un trou en plein été : la durée est bonne si après arrosage le sol est humide à 20 cm de profondeur pour un gazon, 40 cm pour des vivaces, 60 cm pour des arbustes ; la fréquence est bonne si avant arrosage, le sol s'est desséché respectivement jusqu'à 10,30 ou 50 cm).

                     

Après cet entrainement, toutes les plantes montrent des capacités surprenantes de résistance à la sécheresse. Si pendant deux années elles semblent peu profiter, elles se rattrapent par la suite. Pour peu que l'on choisisse des plantes adaptées, que l'on évite les floraisons estivales gourmandes, que l'on plante au bon moment, qu'on leur donne une bonne éducation, et que l'on paille le sol, la question de l'arrosage peut se régler à néant en deux ans.

Désherber ?

Dans un jardin, les plantes vivaces ne peuvent pas être installées une fois pour toutes, en se disant que puisqu’elles sont vivaces, pas besoin d’entretien. Les plantes, surtout à l'état jeune, détestent toute forme de concurrence. Les plantes concurrentes qui poussent à leur pied leur lèvent de la lumière ainsi que les nutriments du sol, réduisant considérablement leur croissance, les tuant parfois.

Pour les enlever, le désherbage doit être fait manuellement , très régulièrement la première année, au stade de jeunes pousses. En seconde année il se réduit et peut être fait à la binette, ce qui a comme avantage d'aérer le sol, mais comme inconvénient de faire lever de nouvelles graines. Ensuite la levée de graines se réduit encore, au point que certaines plantes n'ont plus besoin ni de binage ni de désherbage. Un passage rapide par saison pour s'assurer que rien de nouveau ne pousse à moins que vous n'optiez pour le paillage.

Pailler ?

Le paillage est une technique simple et assez efficace qui consiste à couvrir le sol. Cela réduit les arrosages et surtout cela réduit considérablement la levée des graines de plantes non désirées et donc le désherbage. Cette couverture peut être minérale (de petite granulométrie environ 20 à 35 mm, sans particules fines, galets, graviers colorés, pouzzolane), végétale (simple paille de blé, paillettes de lin ou de riz, broyat de jeunes branchages, copeaux de bois, fèves de cacao…) ou encore synthétique (toile hors sol). Certaines plantes dites couvre-sol limitent à elles seules la germination des graines.
Le paillage minéral est bien adapté aux plantes frugales dites méditerranéennes, originaires elles aussi de sols minéraux pauvres, caillouteux et drainants. L'épaisseur de la couche doit être de 8 à 10 cm pour être efficace (soit environ 80 à 100 litres par m²). Il est préférable de l'appliquer en deuxième année après s'être bien assuré des arrosages effectués.
Les paillages organiques à base végétale sont mieux adaptés aux plantes plus gourmandes ou originaires d'autres climats, car la décomposition de cette matière organique enrichie le sol comme une fertilisation et garde l'eau par temps de pluie. Plus facile et légère de manutention que les cailloux, il faut en mettre une couche plus épaisse car il se décompose en quelques années, mais les plantes s'étant souvent développées entre temps, elles assurent elles mêmes leur rôle de couverture du sol. Un paillage végétal est mis en place à l'automne, car au printemps sa décomposition pourrait entrainer par réaction chimique naturelle, un jaunissement des feuillages.

      

Pourquoi biner ?

Les plantes vivaces sont des plantes sauvages. Si elles sont adaptées à leur milieu, tout travail du sol est inutile. Même si l'aération du sol favorise leur croissance, si elles sont adaptées à un sol lourd et argileux, elles supporteront l'asphyxie. Les plantations en rocailles et en fissures, ne laissent pas la possibilité de travailler le sol. Seules les plantes de plates-bandes, constituées par des hybrides horticoles colorés et à grosses fleurs, nécessitent une aération régulière des racines (par exemple, les pivoines adorent un griffage léger du sol après les grosses pluies battantes)

Comment fertiliser ?

Les végétaux puisent dans le sol les éléments minéraux et la matière organique nécessaires à leur développement. Sauf carence avérée, pour les plantes de situations difficiles, toute fertilisation est simplement inutile. En revanche, pour une plante horticole de milieu plate-bande, la fertilisation doit être régulière. Pour les plantes de milieu espace libre elle peut être occasionnelle et plus modeste.
Dans ces cas, la meilleure des choses à apporter est de la matière organique d'origine végétale (compost, vieux fumier) en automne ou en fin d’hiver. Elle nourrira le sol avant de nourrir les plantes, et l’équilibre se maintiendra. Cet apport se fera en surface et les griffages éventuels le feront descendre. Dans nos sols pauvres et minéraux, l'apport éventuel d'un engrais organique aux mêmes périodes peut donner un petit coup de pouce aux plantes fatiguées.

Comment tailler ?

Dans la nature, personne ne bine ni ne taille ; les végétaux n'ont besoin de rien et surtout pas des hommes. La taille peut avoir une fonction sanitaire pour ôter un rameau malade, productiviste pour les arboriculteurs, fonctionnelle pour canaliser des plantes trop exubérantes ou gênant un passage. Mais elle est avant tout à fin esthétique pour nos plantes.
La taille peut être jugée importante dans un jardin si on veut lui donner un aspect soigné et civilisé. A vous de mesurer la part d’intervention que vous voulez avoir, dans telle ou telle partie du jardin par exemple, suivant les zones que vous aurez choisi de mettre en valeur.
En fin d’hiver (au 21 mars au plus tard), l'observation des plantes et de leurs nouveaux bourgeons est plus facile et l'on fait moins de bêtises. Une taille de nettoyage permet alors d’éliminer les parties sèches des plantes herbacées à feuillages caduques, des graminées, les rameaux fatigués ou indésirables des arbustes d’ornement, et prépare l’explosion du printemps. En saison, l'élimination des fleurs fanées peut favoriser les remontées de nouvelles fleurs et la taille en vert des rameaux cicatrise plus vite. Au 21 septembre on taille les arbrisseaux méditerranéens (santolines, lavandes…)
Dans tous les cas, la taille se doit d’être avant tout un plaisir, un moment privilégié passé à modeler les formes, à accentuer un mouvement, à faire du bien à son jardin en guidant un peu la nature, tout en douceur.

Profiter de son jardin !

Maintenant que tout est fait, l’idéal serait de pouvoir "regarder pousser", en ne perdant jamais de vue que le jardin n’est pas une tapisserie, que tout y change au fil des saisons, puis des années, et que le plaisir est grand de voir pousser, se succéder les floraisons, s'harmoniser les silhouettes et les tons de feuillages.


Les plantes sont des êtres vivants, rien n’est figé ni jamais définitif, il faut accepter les végétaux de courte durée de vie, ceux qui se resèment parfois de manière un peu invasive, et essayer d’ordonnancer tout cela pour que le jardin vive sans être ni trop artificiel ni trop sauvage.